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On est toujours l’étranger de quelqu’un

Editorial La Presse

 

Stupeur et colère. Un ressortissant tunisien résidant en Allemagne a été vitriolé. Attablé dans un café en compagnie de son épouse allemande, l’étudiant a reçu de l’acide en plein visage, lui causant de graves brûlures à la tête et au corps. L’état de la victime a nécessité son transfert urgent à l’hôpital. Son pronostic vital n’est pas engagé, mais le trentenaire devra subir prochainement une opération chirurgicale.

C’est l’œuvre d’un raciste patenté, un Allemand de 43 ans, rapidement appréhendé et son domicile perquisitionné. La police allemande a découvert chez lui des substances dangereuses. Un récidiviste.

Les autorités tunisiennes ont rapidement réagi et avec efficacité. Le fait d’être soutenu par son pays représente beaucoup pour les membres de la diaspora tunisienne installés dans les pays d’accueil ou pour les voyageurs de courte durée. Protéger ses citoyens n’est pas forcément lié au poids militaire et stratégique d’un pays. Mais requiert une certaine promptitude de la part des hauts responsables, membres de missions diplomatiques et locaux, et une capacité à agir et défendre avec constance les Tunisiens, victimes de ces actes barbares ou même présumés coupables, en veillant à ce que leurs droits soient respectés dans les pays tiers.

Les actes xénophobes et racistes sont en train de se multiplier, pas seulement en Allemagne, et de cibler pas uniquement les Tunisiens. Les personnes de couleur, les peaux bronzées, les cheveux frisés, les têtes d’arabes, les yeux bridés, et, à l’occasion, les femmes, font l’objet de stigmatisations et de rejets appuyés par une argumentation qui trouve son origine dans la haine de l’autre, du différent, du nouveau venu, du minoritaire.

Il y a des sursauts, toutefois, dans la plupart des pays qui ploient depuis quelques années sous la déferlante des courants populistes et extrémistes, comme on le constate, de fait, en France. Partis, formations et personnalités ont décidé de faire barrage.

Le Front populaire de gauche, ou encore « l’arc républicain » ont été vent debout contre la poussée de l’extrême droite.  Malgré quelques petites manœuvres et des ambiguïtés dans certaines prises de position, le rejet d’une très grande partie de la France a été fort, frontal, assumé.

Et cela a fonctionné ! A l’heure où nous mettions sous presse, au second tour des législatives anticipées organisées en France, le Nouveau Front populaire est arrivé en tête.

Nul besoin, en outre, d’être étiqueté extrême droite pour agir de la même manière qu’on critique vertement chez les autres. Puisque tout pays, toute société a ses étrangers, ses différents, ses bannis, ses damnés. Et il suffit de se nourrir de l’un des trois poisons énoncés par Bouddha: la haine, l’avidité et l’ignorance, pour se comporter comme un sombre crétin et s’en vanter.

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